Cube (1997) | Vincenzo
Natali
Budget réduit au strict
minimum, moins d’un mois de tournage, premier long-métrage, décor
unique, acteurs méconnus … Cube est un pari à hauts risques
et, pourtant, réussi par le jeune réalisateur canadien Vincenzo
Natali.
Synopsis Allociné :
Un groupe de personnes, sans savoir pourquoi, se retrouve enfermé
dans une prison surréaliste, un labyrinthe sans fin constitué de
pièces cubiques communicantes et équipées de pièges mortels. Le
policier, l'architecte, l'étudiante en mathématiques, la
psychologue et l'autiste captifs ne savent qu'une seule chose :
chacun possède un don particulier qui, combiné aux autres, peut les
aider à s'évader. Au fur et à mesure que la peur grandit, les
conflits personnels et les luttes de pouvoir s'amplifient. Il leur
faudrait pourtant réussir à s'associer pour échapper à une mort
certaine.
Cube, c’est avant tout
un scénario. L’idée d’enfermer six personnes dans un cube
comportant de multiples salles, elles-mêmes cubiques, aux nombreux
pièges, peut paraître simple. Le canadien a réussi à exploiter
cette simplicité comme une force afin d’en faire un huis-clos
oppressant et machiavélique.
Les protagonistes, aux
facettes conflictuelles et complémentaires, devront se surpasser
pour défier ce mystérieux cube, mais surtout, pour gérer au mieux
les conflits qui se manifestent au sein du petit groupe. D’un réel
intérêt psychologique, ce scénario tortueux et pour le moins
inventif exploite au maximum la claustrophobie et la peur de l’Autre.
Les multiples
interrogations apportées tout au long du film ne font qu’entretenir
cette atmosphère pesante et cette tension omniprésente. Rien n’est
expliqué, tout est questionné laissant un arrière-goût de mal
être malsain et démoniaque, comme si les pièges assassins du cube
ne suscitaient pas assez de tortures psychiques et physiques. Tout
n’est que vision cauchemardesque de l’enfermement et rêve de
l’évasion. À l’image de la vie, il n’y a pas de solution, il
n’est que de recherche et de quête de soi.
Situé au carrefour de la
science-fiction et du film d’horreur, Cube est réalisé
judicieusement et intelligemment. Avec un décor de 4,5 mètres,
l’équipe s’est montrée audacieuse et réfléchie. Chaque
cadrage de l’action, assemblé de manière éclairée, se révèle
comme le miroir des craintes de l’inconnu et du doute. La
photographie, bien que criarde, et les décors, aseptisés et
chirurgicaux, font pleinement écho avec les sentiments de
claustrophobie et d’inconnu apportés tout au long du film.
Cette expérience
cinématographique, bercée par l'angoisse et le pessimisme, critique
subtilement la société contemporaine. S’opère alors la métaphore
du conditionnement humain où chacun préfère se démener seul,
l’union étant pourtant la seule clé du cube. Les dialogues,
incroyablement percutants, vont dans ce sens.
Pour son premier
long-métrage, Vincenzo Natali réalise une petite prouesse animée
par sa capacité à créer une forme de démence chez ses personnages
et à rendre fou celui qui chercherait à comprendre la face cachée
du cube. Bien que la fin, sans réponse, semble être donnée pour
une suite, ce divertissement demeure efficace et plaisant.
Article rédigé par Cléa Carré
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