Synopsis
Allociné :
Partout sur la Terre, Steve Jobs est célébré comme un créateur de génie dont
les inventions ont révolutionné notre façon de vivre et de percevoir notre
monde. Il est aussi connu comme l’un des chefs d’entreprise les plus
charismatiques et les plus inspirants qui soient. Mais qui connaît l’homme
derrière l’icône ? Qui sait quel parcours humain se cache derrière la
destinée de ce visionnaire d’exception ? De l’abandon de ses études
universitaires au formidable succès de sa société, voici l’incroyable ascension
de Steve Jobs, co-créateur d’Apple Inc., l’un des entrepreneurs les plus
créatifs et respectés du XXIè siècle.
Commençons par les
quelques points forts du film de Joshua Michael Stern : tout d’abord, l’immersion
au sein de la Silicon Valley des années 70, avec l’arrivée aux foyers des
premiers ordinateurs personnels. Le spectateur assiste ainsi à la camaraderie
naissante entre les deux Steve : Steve Wozniak, campé avec métier par Josh Gad, et Steve Jobs, incarné par un Ashton Kutcher qui a manifestement bûché
de longues heures devant son miroir (mais cela suffit-il ?). Le premier
bidouille un appareil révolutionnaire dans le salon en assemblant quelques
composants achetés à la boutique du coin de la rue lorsque le second y voit un
potentiel gigantesque et le pousse à présenter sa création à des investisseurs.
C’est après que ça se
gâte lorsque Joshua Michael Stern choisit de montrer l’icone de la génération
iPod sous un jour nouveau : celui de la tyrannie. Le réalisateur nous
déballe le côté impitoyable de Steve Jobs sans vergogne, alignant les scènes
(répétitives) de crises de nerf du bonhomme contre ses employés qu’il ne juge
pas assez impliqués, ou ses coups de sang lorsqu’il refuse de reconnaître sa fille
Lisa, laissée aux bons soins d’une mère désespérée.
Les vrais intérêts et
enjeux d’un film autour d’une telle figure sont dès lors éclipsés – les créations
du génie à peine présentées, un comble ! – ou survolés – la compétition
avec le géant Microsoft abordée le temps d’une scène d’échange téléphonique
avec Bill Gates.
Il faut avouer que la
composition musicale de Lucas Vidal répondant au conformisme de mise avec des violons
poussifs, la photographie de Russell Carpenter qui fait la part belle à Ashton Kutcher, et l’écriture terriblement académique, ne faisant qu’uniformiser l’ensemble
à l’aide de répliques exécrables, n’aident en rien. Un exemple : « On
ne peut pas regarder la compétition et dire qu’on fera mieux. On regarde la
compétition et on dit qu’on fera différemment ». Comme si le metteur en
scène anticipait sur le devenir gif de son film, le faisant avancer comme une
moissonneuse batteuse sur la voie lourdement tracée du long métrage à messages.
Et que dire de la fin
de « Jobs ». Le film explose, en effet, en plein vol et s’arrête au
beau milieu de l’histoire de la Pomme, au chapitre où le fondateur de la
célèbre société fait face aux défis les plus passionnants de sa vie. Quel
dommage !
Bilan :
Un biopic frileux qui se contente de surfer sur la vague du succès « The Social Network », le talent en moins. Si Ashton Kutcher assure le job en
Jobs, le scénario incroyablement frustrant et la mise en scène pantouflarde de
Joshua Michael Stern finissent par faire de « Jobs » un objet
filmique particulièrement repoussant.
Anecdote :
Un projet concurrent, écrit par le grand manitou Aaron Sorkin (considéré à
raison comme l’un des meilleurs scénaristes actuels), épaulé par le vrai Steve Wozniak, crédité comme consultant, doit voir le jour prochainement et sera composé
uniquement de trois scènes, chacune se déroulant en temps réel et correspondant
à trois lancements de produits. De quoi mettre davantage l’eau à la bouche que
le décevant « Jobs » !
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