Dans ce chef d'œuvre de
science-fiction, Neill Blomkamp employait un style docu, caméra
tenue à la main, façon Paul Greengrass, avec une technique de
cinéma vérité, mélange parfait avec la nature et le
photo-réalisme des images générées par ordinateur. Le réalisateur
rapportera par la suite avoir mélangé toutes ses préférences en
matière de SF, en s'inspirant surtout des films d'action
fantastiques des années 80, dont « Aliens » (son
favorite movie all-time), « Terminator », « Robocop »
et « Predator ».
Mais rappelez-vous que
« bien avant d'être pris sous l'aile du célèbre metteur en
scène néo-zélandais, Neill Blomkamp a en réalité débuté sa
carrière dans les effets visuels. De 1998 à 2004, il travaille
notamment pour le studio d'effets numériques Rainmaker Digital
Effects, avant d'être un des membres fondateurs de The
Embassy Visual Effects, à Vancouver. Il y est animateur 3D sur
un paquet de séries à la mode, comme « Stargate SG-1 »,
« Smallville », ou encore « Dark Angel ». Il
se lance ensuite dans la réalisation de court-métrages, dont le
premier, « Alive in Joburg », tape dans l'œil de
plusieurs actifs du cinéma planétaire contemporain, dont un certain
Peter Jackson. Alors qu'on lui commande de nombreux spots
publicitaires (dont celui où une Citroën cache un clone de
« Transformers »), le réalisateur des « Seigneur
des Anneaux » lui propose de mettre en scène l'adaptation ciné
de la saga vidéo-ludique « Halo ». Si le développement
de ce long métrage ô combien attendu est finalement abandonné,
Neill Blomkamp réalise malgré tout une série de trois pubs –
très remarquées – à l'occasion de la sortie du jeu vidéo « Halo
3 ». Élaborés avec l'aide du studio d'effets spéciaux
« Weta », ces clips reçoivent de nombreux prix à
travers le monde ».
Pour son second film en
qualité de réalisateur, Neill Blomkamp s'est attelé à la
confection d'un projet fou, particulièrement risqué: « Elysium »,
un long métrage de SF classé « R », non proposé en
format relief 3D, avec un propos socio-politique prégnant, et aucune
franchise derrière pour soutenir la campagne marketing ou générer
un programme de licencising. Résultat attendu dans les salles le
mercredi 14 août !
Synopsis Allociné :
En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très
riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les
hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur Terre
devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente
désespérément d'échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne
cessent de se propager. Max, un homme ordinaire pour qui rejoindre
Elysium est plus que vital, est la seule personne ayant une chance de
rétablir l'égalité entre ces deux mondes. Alors que sa vie ne
tient plus qu'à un fil, il hésite à prendre part à cette mission
des plus dangereuses – s'élever contre la Secrétaire Delacourt et
ses forces armées – mais s'il réussit, il pourra sauver non
seulement sa vie mais aussi celle de millions de personnes sur Terre.
En 2154 – année
pendant laquelle se déroulent les événements d'« Avatar »
du king James Cameron, certainement pas un hasard – Max, un
homme ordinaire campé par un Matt Damon bien en jambes, a une
maladie incurable, on lui greffe alors un exosquelette, le rendant mi
homme mi machine. Pourchassé par les 1% de « dominants »
de la planète, réfugiés sur Elysium, Max n'a plus qu'une seule
option : rallier la fameuse station orbitale pour s'y faire
soigner.
« Elysium »
est le blockbuster qu'on n'espérait plus cet été : un film
ultra référencé, tout en étant savamment original. Pour filmer
cette chasse à l'homme very Dickienne, Neill Blomkamp a, en
effet, planché sur les classiques de ses aînés : ceux de Paul
Verhoeven tout d'abord, « Robocop » évidemment (l'homme
ravagé par une transformation robotique) & « Total
Recall » (le sujet principal de la chasse à l'homme, le héros
entravé sur une chaise à qui on essaye de subtiliser des données
ancrées dans son cerveau, le design du robot policier au
début). On pense également au maître Cameron (l'imagerie
guerrière, l'exosquelette qui rappelle étrangement l'arme utilisée
par Ellen Ripley dans « Aliens » pour combattre la reine
xénomorphe), mais aussi à John Carpenter (l'horreur économique
d'« Invasion Los Angeles », l'emblème du héros sauveur
de « New York 1997 »), aux combats rageurs à la violence
extrême de la saga « Mad Max », aux designs futuristes
des long-métrages SF de Spielberg (« Minority Report »),
ou enfin, à « Blade Runner » et à « Matrix »,
lorsque Neill Blomkamp s'amuse à transcender le milieu –
underground – cyber punk (la musique techno / trance dans certaines
séquences).
Les gamers ne
seront pas en reste puisqu'il paraît évident que le jeune
trentenaire surdoué & passionné a aussi révisé ses gammes du
côté des jeux-vidéos, en tenant le joystick pendant de longues
heures devant « Halo » ou « Mass Effect ».
Ainsi, « Elysium » fourmille de détails issus de cet
univers si dense, avec une direction artistique d'enfer, axée en ce
sens : les machines qui guérissent les maladies d'un simple
balayage laser alors que sur Terre, les hôpitaux sont bondés et
vous renvoient vers une mort certaine, l'armement du bad guy,
les grenades volatiles en sont des exemples plus que probants.
Rajoutez à cela,
martelée en filigrane, la violence endémique qui sévit en Afrique
du Sud, pays natal du metteur en scène, et vous obtiendrez la vraie
originalité de « Elysium ». Car, la force du film de
Blomkamp, c'est avant tout sa crédibilité et sa portée médiatique.
Jodie Foster incarne une politicienne vénale aux faux airs de la
chancelière allemande Angela Merkel. Los Angeles est transformé en
guetto 100% hispanique. Tandis que la pauvreté conduit
irrémédiablement aux accès de violence et au surpeuplement dans
les favelas sur Terre, les riches profitent de leurs luxueuses
demeures sur Elysium. Entre les deux, les immigrés s'entassent dans
des vaisseaux spatiaux avec l'espoir de rejoindre la station, qui les
accueille à tour de bras ou au lance-missiles. Métaphore certes
manichéenne, mais réaliste – et pessimiste – de ce qu'est
l'immigration aujourd'hui.
Pour mettre en scène les maux de notre
monde (personnages triturés, brisés par la maladie, la violence,
hantise de l'amputation, thèmes qui parlent au plus grand nombre …
), Neill Blomkamp conserve, à raison, dans sa mise en scène le même souci de
réalisme de « District 9 », l'aspect chiadé, vintage
bricolo, ainsi que le ton Greengrassien, avec omniprésence de la
caméra à l'épaule.
Nous lui pardonnerons
aisément des flashbacks visuellement assez grossiers et
dégoulinants de sentiments, filmés dans un style proche de ceux de
« The Island », ainsi que quelques ralentis, certes gracieux, mais en contraste total avec l'ultra réalisme souhaité. De même, la musique composée par Ryan
Amon, pensante et étouffante, armée à grands renforts de
redondants « BRÔÔÔM » Zimmeriens, chapardés sur
les sons de corne de brume issus du score d'« Inception ».
Enfin, gageons le « pathos » de certaines scènes, un poil dérangeant avec
les personnages d'Alice Braga (transparente) et de sa fille.
Pour ce qui est des
comédiens, comme évoqué plus haut, Matt Damon & Jodie Foster
s'en sortent avec les honneurs, avec une mention pour Damon dans un
rôle d'ouvrier revanchard pas si loin de Jason Bourne
finalement (une machine programmée pour tuer, à l'état de veille
et ne s'activant que lors de stimulii agressifs). Mais il faut
surtout et indéniablement saluer la prestation hallucinante de
Sharlto Copley, formidable en mercenaire déjanté qui tire sur tout
ce qui bouge. L'acteur sud-africain retrouve son réalisateur de
« District 9 » et a, semble-t-il, longuement travaillé
son accent pour interpréter cette crapule sans cœur.
Bilan : Même
s'il perd l'envergure des messages délivrés par « District 9 »
et s'il n'est pas le chef d'œuvre SF attendu à cause de plusieurs
défauts assez préjudiciables (musique, montage, flashbacks,
vision un peu superficielle du
compound des riches),
« Elysium » demeure un excellent second long métrage
dans la filmographie de Neill Blomkamp, digne héritier de James
Cameron et Paul Verhoeven.
Anecdote :
Avant que Matt Damon fasse valoir son pouvoir de star et s'impose sur
le film, Neill Blomkamp avait l'idée d'embaucher le rappeur Eminem
dans le rôle principal.
La Bande Annonce de Elysium:
NOTE: 8/10
Pas très convaincu par ce film. Y a de très bonnes choses (le sous-propos, l'univers du film), mais à côté de ça, Bloomkamp ne sait pas utiliser la shaky cam comme un Greengrass et le scénario est finalement très convenu. Un peu déçu, mais ça reste de la SF de qualité.
RépondreSupprimer