Après le bide – non mérité – de
« Micmacs à tire-larigot », comédie burlesque étonnante en forme
d’hommage à Méliès, Jean-Pierre Jeunet essuya hélas un nouvel échec avec l’affaire
« L'Odyssée de Pi » : Jeunet devait en effet réaliser le film
avant que le projet n'échoue finalement entre les mains d’Ang Lee, avec le
succès que l'on connaît. Aujourd'hui, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le
frenchy digère ces péripéties en sortant son nouveau long métrage, une
aventure initiatique au titre à rallonge, « L'Extravagant voyage du jeune
et prodigieux T.S. Spivet » transposition ciné du roman éponyme – réputé
inadaptable – de Reif Larsen.
Synopsis Allociné :
T.S. Spivet, vit dans un ranch isolé du Montana avec ses parents, sa sœur
Gracie et son frère Layton. Petit garçon surdoué et passionné de science, il a
inventé la machine à mouvement perpétuel, ce qui lui vaut de recevoir le très
prestigieux pris Baird du Musée Smithsonian de Washington. Sans rien dire à sa
famille, il part, seul, chercher sa récompense et traverse les Etats-Unis sur
un train de marchandises. Mais personne là-bas n'imagine que l'heureux lauréat
n'a que dix ans et qu'il porte un bien lourd secret …
Avec « L’Extravagant voyage
du jeune et prodigieux T.S. Spivet », Jeunet redevient jeune et formidable
conteur d’histoires. En narrant les tribulations et pérégrinations du jeune
génie T.S. Spivet à travers les Etats-Unis, Jean-Pierre Jeunet retrouve en
effet les thèmes qui lui sont chers (l’enfance vulnérable, la désillusion des
rêves de gosse, les rencontres éphémères …), tout en proposant parallèlement une
escapade très adulte, ponctuée de moments émouvants (la question du deuil y est
abordée frontalement mais avec beaucoup de tendresse, la confrontation finale
avec la mère est bouleversante) et séquences magnifiques (les paysages du
Montana recréés au Canada, lieu de tournage de l’aventure). Comparaison évidente avec « Moonrise Kingdom » de Wes Anderson qui surfait sur la même vague mélancolique.
Pour représenter l’imaginaire
foisonnant de Spivet – des dizaines de schémas tarabiscotés – et entretenir la magie,
Jean-Pierre Jeunet s’est entouré de son équipe habituelle (hormis le DP Bruno
Delbonnel, remplacé par le tout aussi prodigieux Thomas Hardmeier) et mitraille
la rétine du spectateur d’artifices en tout genre, qu’il manie évidemment à la
perfection (des collages, des vignettes, des bulles, des filtres, le splendide relief
3D créé lors du tournage à l’aide de la caméra Arriflex Alexa).
Jeunet fait donc preuve d’une mise
en scène maîtrisée, mais aussi d’une profondeur et d’une finesse dans la
présentation des personnages, toujours très loufoques. Dans la famille Spivet,
on a donc droit au frère jumeau intrépide, à la grande sœur promise à une grande
carrière de mannequin, à la mère collectionneuse (jouée par une Helena Bonham Carter
qu’on n’avait rarement connue aussi naturelle) et au père, un cowboy né un
siècle trop tard. Mais ce n’est pas tout, Jeunet expose également toute une
galerie de personnages secondaires bien barrés (comme à l’accoutumée), croisés
par Spivet au décours de son périple : un routier bienveillant, une
directrice de musée futée, des policiers baroudeurs … EXTRAORDINAIRE !
Dommage seulement que le jeune
Kyle Catlett, pourtant très pro (on devine qu’il a bûché longtemps pour le
rôle), peine à insuffler une âme à Spivet pour toucher l’audience en plein cœur.
Bilan : Extravagant
et Prodigieux, « T.S. Spivet » l’est assurément ! Jeunet revient
en forme pour son septième long métrage, une traversée émouvante à travers le
continent américain. Subtile et drôle, « T.S. Spivet » est aussi l’occasion
pour Jeunet de balayer des thèmes plus matures comme la douleur morale liée à
la perte d’un être cher. Une franche réussite !
Anecdote : Le roman intéressait depuis quelques années
Hollywood et l'auteur Reif Larsen avait établi une liste de 5 réalisateurs
potentiels : Alfonso Cuaron, Wes Anderson, Guillermo Del Toro, Tim Burton
et Jean-Pierre Jeunet.
La Bande Annonce de L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet:
NOTE: 8/10
Mignon et émouvant, esthétiquement rien à redire mais finalement le voyage en lui-même est secondaire, trop court et surtout nullement extravagant... 2/4
RépondreSupprimerJe suis pas totalement en désaccord avec ce comm' mais par contre, j'ai quand même voyagé :)
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