Librement adapté de la
bande dessinée, plus exactement du roman graphique, « Le bleu
est une couleur chaude », de Julie Maroh, « La Vie
d'Adèle » débarque sur les écrans français le mercredi 9
octobre.
Synopsis Allociné :
À ses 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça
sort avec les garçons. Sa vie bouscule le jour où elle rencontre
Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le
désir et lui permettre de s'affirmer en tant que femme et adulte.
Face au regard des autres, Adèle grandit, se cherche, se perd, se
trouve …
Oubliez la polémique,
concentrez-vous sur le film, qui mérite amplement son prix cannois.
Passage à l'âge adulte,
éveil de la sexualité à travers les premiers émois, quête du
bonheur, errance de vie, homosexualité … un torrent d'émotions,
oui c'est bien de ça dont il s'agit avec « La Vie d'Adèle »,
merveilleux refrain sur l'Amour personnel & universel.
Le film d'Abdellatif
Kechiche est, en effet, parcouru d'indénombrables fulgurances, de
moments divins, à commencer par cette magnifique introduction :
une ouverture où on aperçoit Adèle en plan large sortir de chez
elle, une lycéenne marchant quelques pas en direction d'un arrêt de
bus puis remontant son pantalon comme le font les filles de son
âge. D'emblée, Abdellatif Kechiche pose le ton : il
s'agit de narrer les aventures d'une fille ordinaire à qui il va
sans doute arriver quelque chose d'extraordinaire (Spielberg,
président du dernier Festival de Cannes a dû apprécier).
La suite des festivités
est tout aussi sublime ; une séquence simple et lumineuse de
rencontre par exemple. Adèle marche les mains dans les poches,
traverse la rue, son regard croise celui d'Emma, une fille plus âgée
aux cheveux bleus, homosexuelle assumée à l'allure fière. Adèle
reste plantée là, le palpitant qui s'emballe, les bruits
environnants disparaissant. En un plan, Kechiche parvient à
capter toute l'essence de l'adolescence dévorée par la passion, les
images probantes et plus puissantes que les mots.
La seconde moitié se
compose essentiellement de scènes de vie instantanées et pourtant
si durables dans les esprits (un baiser, une dispute…), de cadrages
serrés sur les corps (joues / fesses / bouches
/ dents) et les sécrétions
(bave, morve, larmes), d'ellipses astucieuses pour mieux transcrire
l'électricité et la douceur de la relation qui anime ces deux
nanas. Le sentiment que Kechiche dépasse largement le cadre de la
relation homosexuelle pour venir tutoyer un propos bien plus
universel, sans oublier d'explorer les préjugés sociaux, toujours
actuels, autour de la représentation de ce type de relation au sein
d'une société moderne. Et on se réjouit que le réalisateur
franco-tunisien possède la justesse nécessaire et suffisante pour
ne jamais verser dans le militantisme.
De l'autre côté de la
caméra, la vraie révélation est indéniablement la jeune Adèle
Exarchopoulos, prestation hallucinante à l'appui, tout en finesse et
d'un naturel confondant. César quasi acquis ! Sa partenaire de
jeu, Léa Seydoux, est bien évidemment excellente, avec une palette
tout aussi nuancée et intéressante. En tête, une séquence
bouleversante d'altercation, visible dans la bande-annonce.
Trois réserves malgré
tout : le côté démago-professoral-lourdo lorsqu'Abdellatif
Kechiche se sent obligé de nous expliquer les écrits des auteurs
qu'il cite (Marivaux, Sartres, Klimt), les scènes de sexe, très
crues, d'une durée extrême, avec multiplicité des plans et des angles qui font apparaître l'envers, c'est-à-dire le tournage, les actrices, comme une sorte de désincarnation, les actrices se séparant des personnages : mises en lumière de la personnalité
perverse de Kechiche (?) et enfin, les passages de repas familiaux,
maladroites caricatures de deux milieux sociaux opposés (les prolos
beaufs et coincés, aux réflexions terre-à-terre, qui bouffent des
spaghettis bolognaise versus les bobos, famille recomposée ouverte aux
arts & au sexe, qui déguste les meilleures huîtres du pays).
Bilan : « Ce
n'est pas un film sur l'homosexualité, c'est une ode à la
tolérance » révèle Léa Seydoux. Un grand moment de cinéma,
l'histoire simple mais effervescente de l'adolescente qui se cherche,
le passage à l'âge adulte, sublime vecteur d'émotions. Une
relation amoureuse à déchirer les cœurs, deux actrices en état de
grâce, un réalisateur inspiré. « La Vie d'Adèle » a
de quoi emporter avec elle tout un jury du Festival de Cannes, et des
millions de spectateurs, du moins on l'espère.
Anecdote : Si Abdellatif Kechiche remporte la récompense suprême de « Meilleur réalisateur » aux César 2014, il rejoindra Roman Polanski dans le club très très select des cinéastes à avoir obtenu ce titre à 3 reprises.
La Bande Annonce de La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2:
NOTE: 8,5/10
Kechiche signe un film démonstratif voir prétentieux. Outre ses deux actrices sublimes de justesse et touchantes sa mise en scène est beaucoup trop voyeuriste, des scènes de sexe trop longues mais aussi le diner de famille, lam anif… etc… Des longueurs qui n’ont pas de nécessité pour la dramaturgie ou la compréhension… Mais Kechiche signe aussi un très beau film, il y a une certaine déception… 6/10
RépondreSupprimerPas ok sur les longueurs, je n'ai vraiment pas vu passé les 3h de bobine
SupprimerTrès très belle critique, encore une fois je suis fan de ton écriture, et je suis bien sûr d'accord avec toi, même si j'ai été beaucoup plus dithyrambique. En fait les trois points négatifs que tu as cité ne m'ont pas dérangé, à l'exception des scènes de sexe effectivement, qui sont en plus de purs fantasmes masculins et hétéros, mais en prenant du recul j'ai quand même trouvé qu'elles montraient bien la passion qui dévorait les deux personnages, comme si elles voulaient à tout prix la consommer.
RépondreSupprimerMerci Aymeric, ton com' me touche et ravi qu'on partage le même avis
Supprimer@Robin Fender... Moi non plus je n'ai pas vraiment vu passer les 3h, je ne parle pas de la durée du film mais de scènes qui n'apportent rien au vu de leur importance dans le temps...
RépondreSupprimerDans ce cas, nous sommes d'accords :)
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