« Le Vent se lève, il faut tenter de
vivre » est sa dernière merveille. Un film adulte, triste, bouleversant et
particulièrement émouvant, surtout lorsqu’on sait qu’il est l’ultime
baroud d’honneur du principal fondateur du studio Ghibli – Hayao Miyazaki ayant
publiquement fait ses adieux au monde du cinéma.
Projeté dans plusieurs
festivals internationaux (la Mostra de Venise, le Festival San Sebastian en Espagne…),
le film a également été présenté au public en avant-première lors de la 5ème
édition du Festival Lumière à Lyon, avant sa sortie nationale prévue le 22
janvier prochain.
Synopsis
Allociné :
L’histoire de l’ingénieur japonais Jiro Horikoshi, connu pour avoir créé l’avion
de chasse Mitsubishi A6M, surnommé chasseur Zero et devenu le symbole de la
lutte aérienne du Japon durant la Seconde Guerre mondiale.
Décidément, les
« retraites cinématographiques » sont à la mode en ce moment. Après
Steven Soderbergh le mois dernier et son dernier film format grand écran (le
délicieux « Ma vie avec Liberace »), puis une « annonce »
anticipée toute fraîche de Tarantino lors de son passage au Festival Lumière –
le metteur en scène au débit verbal mitraillette a en effet évoqué l’éventualité
d’un reclassement professionnel prochain vers le milieu de critique cinéma – c’est aujourd’hui avec grande tristesse que l’on
apprend le retrait du maître nippon de l’animation en qualité de réalisateur.
« Le Vent se lève »
est sans doute l’œuvre la plus personnelle de Miyazaki (il paraît évident que
le jeune héros est une projection de Miyazaki lui-même … ou de son père qui
travaillait dans l’aéronautique) et la plus belle déclaration d’amour de ce
dernier à un thème qui lui est cher : l’aviation. Le senseï l’avait déjà prouvé
avec « Porco Rosso », il transforme aujourd’hui l’essai en révélant
un film historique sombre, davantage destiné aux adultes, retraçant la vie de
Jiro Horikoshi, l’un des plus brillants ingénieurs aéronautiques de l’histoire
du Japon et célèbre pour avoir mis au point l’avion de chasse – bombardier
Zéro, redoutable killer de la Seconde
Guerre Mondiale.
« Le Vent se lève »
suit donc Jiro de l’enfance à l’adolescence, en passant par sa rencontre avec
celle qui deviendra sa femme, au hasard d’un terrible tremblement de terre, ou
par ses songes, au cours desquels son mentor, l’ingénieur italien Caproni, lui
inculque les rudiments du métier, le guide et l’inspire. La dimension
documentaire indissociable du romanesque et de l’onirisme en quelque sorte.
Comme si l’animateur Miyazaki ne pouvait totalement délaisser son univers
féérique – truffé de créatures magiques, d’inventions mécaniques délirantes, de
personnages fantasques – et se devait d’apporter à l’ultra-réalisme de gré une
touche (optimiste) de fantaisie réconfortante. Quoique ambivalent le Miyazaki,
puisque les rêves du héros sont davantage des cauchemars, remplis de crashs
aériens spectaculaires.
« Le Vent se lève »
est aussi l’occasion pour le cinéaste de lever le voile sur les tragédies de l’époque (la
tuberculose qui décima une partie de la population, les choix douteux du
gouvernement durant la Guerre, la crise économique et le chômage qui
ponctuèrent la Grande Dépression) et de visiter ses thèmes de prédilection :
l’obsession des engins volants donc, mais aussi le psycho-trauma des
catastrophes et des échecs (témoin du Japon hanté post-Fukushima?), la beauté
des rêves, l’épanouissement des enfants. Plus surprenant est l’étrange
passivité de Jiro face aux drames qu’il traverse, à commencer par le destin
tragique de sa fiancée.
Visuellement splendide
(un authentique tableau de Renoir), « Le Vent se lève » est également
superbe grâce à sa musique, concoctée par le fidèle compositeur Joe Hisaishi,
qui livre une partition éblouissante, bercée par quelques notes majestueuses de
mandolines et d’accordéons.
Bilan :
Une dernière prouesse pour Miyazaki, qui sait visiblement s’arrêter à temps. Un
peu déconcertant au départ par son approche linéaire et rationnelle, « Le
Vent se lève » devient petit à petit objet de tous les fantasmes en
sondant la personnalité de son auteur.
Anecdote :
La question d’un successeur à la tête du mythique studio Ghibli se pose plus
que jamais actuellement. Plusieurs noms ont circulé : Hiroyuki Morita, le
réalisateur du décevant « Royaume des chats », Hiromasa Yonebayashi (« Arrietty »),
et Goro Miyazaki, fils de Hayao.
La Bande Annonce du film Le Vent se lève, il faut tenter de vivre:
NOTE: 9/10
En plus du nouveau Miyazaki, y a aussi le nouveau Takahata prévu pour l'an prochain, et je l'attends tout autant, d'autant plus qu'il a l'air visuellement génial.
RépondreSupprimerConcernant l'avenir de Ghibli, Yonebayashi a fait ses preuves avec un excellent Arrietty, et Miyazaki-fils a réalisé deux films imparfaits mais prometteurs. Je me fais pas de soucis.
Mais de toute façon, Miyazaki ne réalisera plus de films mais restera consultant sur les projets de Ghibli, pas de soucis là-dessus.
J'ai assez confiance en Yonebayashi, moins en Goro (décevant sur ses deux premiers longs).
SupprimerAprès y a aussi probablement une bonne pléiade d'animateurs talentueux dont on ne connaît pas le nom. Le seul obstacle, c'est la concurrence de plus en plus impressionnante. Même si Satoshi Kon n'est plus, des mecs comme Hosoda ou Shinkaï sont des mines d'or, Madhouse est en expansion constante et il va vraiment falloir que Ghibli confirme son statut indétrônable d'ici les prochaines années.
SupprimerThanks for writiing
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