Après le fantastique « Chopper »,
puis le western contemplatif « L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford », son titre à rallonge, son visuel
époustouflant et l'impérial Brad Pitt dans le rôle du célèbre
bandit, voilà que l'australien Andrew Dominik remet le couvert dans
le genre film lent et imaginatif avec « Cogan (Killing Them Softly) », libre adaptation du roman « L'art et la
manière » de George V. Higgins, qui sort cette semaine dans
les salles, accompagné ici encore par Mr Angelina Jolie face caméra.
Synopsis (source :
Allociné) Lorsqu'une partie de poker illégale est braquée,
c'est tout le monde des bas-fonds de la pègre qui est menacé. Les
caïds de la Mafia font appel à Jackie Cogan pour trouver les
coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la
petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le
coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d'une situation
qui dégénère...
Inspiré cette fois par l'ère du temps
et sa crise économique mondiale, Dominik livre avec « Cogan »
un thriller policier violent, âpre et robuste, mais suffisamment
éloquent pour avoir fortement marqué les esprits lors de son
passage Cannois en mai dernier.
Empreinte d'un classicisme quasi
inégalable (les séquences de meurtres filmées au ralenti façon
bullet time!), la mise en scène de Dominik resplendit de virtuosité par son
rayonnement de gangsters sombres mais toutefois appréciables,
gangsters par ailleurs magistralement interprétés par une flopée
d'acteurs débutants (Ben Mendelsohn et Scoot McNairy en ligne de
mire) et de pointures confirmées (James « Les Sopranos » Gandolfini, Richard Jenkins et Ray Liotta, admirables comédiens
qu'on ne présente plus). Au milieu de tout ce beau monde, Brad Pitt,
royal, incarne un Cogan intense dans sa froideur et son inhumanité,
rappelant par moments le Killer Joe de Friedkin.
Au-delà du simple polar aux
personnages et aux dialogues Tarantinesques (mention à la réplique
« je devrais éteindre l'autre ce soir »), « Cogan »
recèle une critique acerbe et profonde de l'Amérique
individualiste, avec en prime une touche d'ironie féroce quand le
personnage interprété par Brad Pitt déclare que « L'Amérique
n'est pas un pays, c'est un business ». Véhiculée par des médias
télés et radios omniprésents, la réflexion politique évolue sur
un mode de remise en question en interpellant la conscience
citoyenne.
Reste que l'on regrette parfois le
contenu des joutes verbales entre les personnages, d'un ennui
quelques fois mortel. Un Tarantino aurait probablement filmé ces
longues scènes de discussion champs / contre champs de la même
manière, mais savoureusement plus domptées par des propos fun et
extravagants.
En deux mots : « Cogan »
mérite d'être vu pour l'intérêt philosophique, pour le visuel
bluffant de la mise en scène, et pour les cinéphiles, la prouesse
de ses beaux dialogues. Ne vous découragez pas sur la lenteur, le
film avance avec force malgré tout. Andrew Dominik rentre
courageusement, doucement mais sûrement dans la cour des grands
(réalisateurs).
La Bande Annonce de Cogan (Killing Them Softly):
NOTE: 6,5/10
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