Changement radical de ton
et d’ambiance pour Jean-Marc Vallée qui, après « Café de
Flore », est parti aux Etats-Unis tourner le biopic dramatique
« Dallas Buyers Club », porté par Matthew McConaughey
dans la peau de Ron Woodroof, l’un des premier patients atteints du
virus du SIDA. Résident de la black-list – qui recense les
scénarii américains les plus ambitieux encore sans producteur –
pendant de longs mois, « Dallas Buyers Club », qui compte
aussi parmi ses rangs le musicien / acteur Jared Leto & la
sublime Jennifer Garner, est enfin porté sur grand écran et sort le
29 janvier 2014 sur les écrans français.
Synopsis Allociné :
1986, Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des
bottes, un Stetson, c’est un cowboy, un vrai. Sa vie : sexe,
drogue et rodéo. Tout bascule, quand diagnostiqué séropositif, il
lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps
médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au
fil du temps, il rassemble d’autres malades en voie de guérion :
le Dallas Buyers Club est né.
En 1985, il ne faisait
pas bon vivre de souffrir du SIDA. Sur le plan vital d'une part –
on vous donnait trente jours à vivre une fois atteint la phase critique – mais aussi sur le plan
médical – certains médecins vous utilisaient comme cobayes à
anti-rétrovirus pour enrayer la propagation de l'épidémie – et
également niveau relationnel, puisque votre entourage vous
considérait d'office comme une « tapette », l'opinion
publique pensant encore à l'époque que le virus touchait uniquement
les homosexuels. Ron Woodroof, redneck addict aux drogues et
au sexe, fut l'une des victimes de ce trépied infernal. Un bouseux
pas si bouseux que ça qui, après avoir tenté vainement de se
soigner à l'AZT de manière « officielle », se lança
dans le marché fructueux de la vente illégale de traitements
médicamenteux alternatifs, non approuvés par la FDA (Food and
Drug Administration), après en avoir lui-même subi les effets
bénéfiques. « Dallas Buyers Club », récit de son
histoire vraie, recèle une sorte de mélange intéressant entre
« Erin Brockovich » et « Philadelphia ».
Tourné en 25 jours,
« Dallas Buyers Club » a connu un véritable development
hell avant d’être financé : trois tentatives furent
nécessaires avant que le projet démarre pour de bon (le tandem Brad
Pitt & Marc Forster dans un premier temps, puis le duo Ryan
Gosling / Craig Gillespie avant d'échoir finalement dans les mains
des complices Jean-Marc Vallée & Matthew McConaughey). Par
ailleurs, les deux interprètes principaux du film, Matthew
McConaughey & Jared Leto, ont dû s'astreindre à un régime
drastique, ils ont perdu respectivement 22 et 25 kg afin d'incarner
Ron Woodroof et Rayon. Aucune remise en question de ces incroyables
péripéties lorsqu'on voit le résultat final. « Dallas Buyers
Club » est en effet un film très humain, qui s'attache à
dépeindre de la plus admirable des manières le parcours d'un homme
en lutte contre le lobby pharmaceutique. Sans humour ni pathos,
Jean-Marc Vallée livre un biopic politiquement incorrect qui tape
judicieusement sur l'autorité médicale et
l'administration qui la chapeaute – le spectre de Steven Soderbergh
rode tout près (fait amusant d'ailleurs, le réalisateur québécois
utilise lui-aussi un pseudonyme pour signer son travail en qualité
de monteur). On félicite également le metteur en scène canadien
qui assume un parti pris risqué, celui de laisser croire au
spectateur que l'on peut se soigner seul face à une maladie
chronique réputée incurable.
« Dallas Buyers
Club » n'est pas seulement le combat d'un homme contre une
industrie destructrice, c'est aussi celui d'un être contre ses
propres démons. Ron Woodroof, au départ homophobe toxicomane
mal-intentionné, évolue grâce à sa maladie pour trouver la
rédemption en devenant une « belle personne ». Un
individu prêt à accepter une « tafiole » dans son
cercle d'amis, prêt à défier les lois de la science (les
prédictions médicales lui donnaient 30 jours à vivre, il en vivra
finalement 2527 de plus) grâce à sa rage de vivre. On salue au
passage l'économie intelligente de passages tire-larmes, qui
n'empêche pourtant jamais l'émotion de poindre, même s'il est
vrai que la mise en scène de Vallée manque un peu de mordant et de
personnalité pour illustrer les différentes angoisses de Woodroof.
Mais comme dans tout
récit labellisé « authentique » porté sur grand écran,
la force du film repose surtout sur la performance magistrale des
comédiens. Tout d'abord, Matthew McConaughey qui confirme, si l'on en doutait encore depuis ses remarquables prestations dans « Killer
Joe », « Magic Mike », « Mud » et « Le
Loup de Wall Street », qu'il est l'un des plus grands acteurs
américains en activité, si ce n'est LE meilleur (avec bien sûr son ami
Leonardo DiCaprio). Émacié, desséché, amaigri, socialement froid,
il porte le « Dallas Buyers Club » sur ses épaules avec
la même énergie vitale qui a dû animer le vrai Ron Woodroof toutes ces années. À
ses côtés, Jared Leto, un autre habitué du yoyo pondéral au
cinéma (il avait perdu des kilos pour incarner le junkie de
« Requiem for a dream », puis pris du bidou pour les
besoins de « Chapitre 27 »), ne démérite pas en queer
extravagant et maniéré, mais jamais caricatural. On voit
difficilement comment l'Oscar pourrait échapper à ces deux
bonhommes. Face à eux, la magnifique Jennifer Garner envoie du
répondant et mérite également une attention particulière.
L'actrice joue impeccablement sans jamais minauder ou forcer les
traits de son personnage de médecin touché par l'histoire de
Woodroof.
Bilan :
Jean-Marc Vallée, le réalisateur de « C.R.A.Z.Y »,
s'abandonne à son récit et ses personnages centraux pour délivrer
un message contestataire versus les multinationales gourmandes :
long-métrage honnête qui vaut énormément au jeu de ses trois
interprètes principaux.
Anecdote : À
l'origine, c'est Dennis Hopper qui devait réaliser « Dallas
Buyers Club » dans les années 90, avec Woody Harrelson dans le
rôle de Ron Woodroof. Manque de soutien financier, cette version n'a
jamais vu le jour. Aujourd'hui, c'est Matthew McConaughey qui a été
engagé comme premier rôle. Mais Matthew McConaughey & Woody
Harrelson, vieux amis dans la vie, officient ensemble à la télé
dans l'excellente série « True Detective », qui vient
tout juste d'être lancée sur la chaîne câblée HBO.
La Bande Annonce de Dallas Buyers Club:
NOTE: 7/10
J'ai vraiment aimé ce film. Juste en tout point.Matthew m'a encore une fois bluffée et j'ai adoré Jared Leto que je ne connaissais pas.
RépondreSupprimerBravo pour votre blog.
Le mien: chutleblog.blogspot.fr.
Audrey
Ce film est magnifique j'ai adoré !
RépondreSupprimerC’est un très beau film riche en émotions qui démontre la détermination d’un homme qui lutte contre la maladie.
RépondreSupprimerUn très bon film, bien qu'imparfait. Les performances extraordinaires des deux acteurs principaux fait de l'ombre au film dans son ensemble, malheureusement. Je me permets de vous diriger vers ma modeste critique : http://thomasnicolon.wordpress.com/2014/01/29/dallas-buyers-club/
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