mercredi 13 novembre 2013

La Reine des neiges

Quoiqu’on pense de la décision récente de Disney Animation Studios, après le tiède accueil réservé à « La Princesse et la grenouille » en 2009, de délaisser l’animation manuelle pour concentrer leurs efforts vers l’animation 3D… force a été de constater dès l’année suivante avec « Raiponce » que les ingrédients qui font d’un nouveau Disney annuel le savoureux plat de Noël qu’on connaît ne se perdent pas pour autant. Plus encore, c’est en cassant ses propres codes de contes de fée bien établis que le Studio aux grandes oreilles avait su séduire. Ou en tout cas davantage qu’avec la parenthèse « Les Mondes de Ralph », annoncé comme une extase pour gamers et tombé à la renverse d’un marketing calamiteux et d’une écriture hasardeuse.

Les enjeux de la sortie de « La Reine des neiges », en salles le 4 décembre prochain, sont donc cruciaux ; il s’agit pour Disney de prouver qu'en dépit de l’abandon des moyens graphiques qui ont fait leur succès, la qualité est toujours au rendez-vous. Et à cet égard, « La Reine des neiges » apparaît comme une fraîche réussite.
Le film, réalisé par la paire Chris Buck / Jennifer Lee, raconte l’histoire qui lie les destins de la princesse Anna et de sa sœur Elsa, née avec le pouvoir de créer et maîtriser la glace. Séparées par une tragédie, ce n’est que le jour du couronnement d’Elsa comme Reine du Royaume d’Arendelle qu’elles vont se redécouvrir, jusqu’à ce qu’à nouveau, la situation glisse hors de leur contrôle.

Ce synopsis bien volontairement évasif n’est que la partie émergée de l’iceberg mythologique conçu autour du film. Comme de juste, le long métrage a pour toile de fond les légendes magiques nordiques et Anderseniennes, et bénéficie d’une galerie de personnages atypiques, loin des clichés attendus. On citera le coup de cœur instantané pour Olaf, un bonhomme de neige à la fois délicieusement naïf, givré et débordant de chaleur humaine.
Mais c’est lorsque les romances se mêlent aux amours fraternels et aux amitiés naissantes que « La Reine des neiges » prend véritablement de l’ampleur. La narration fait son œuvre avec crédibilité et les relations sont intelligemment placées au cœur des enjeux du film ; sont mis de côté les besoins du conte pour mieux faire briller les protagonistes.

Comme « La Reine des neiges » a le mérite de les faire évoluer et interagir au sein d’un genre codifié, elle peut exister artistiquement, autant dans l’écriture que dans son approche visuelle. La caractérisation des personnages ne peut par exemple esquiver les comparaisons avec « Raiponce », mais pourquoi s’en attrister ? Avec « La Reine des neiges », il semblerait ainsi que Disney poursuive son exercice de détachement des impératifs traditionnels qui gèlent ses ambitions créatives. On pourra s’étonner, s’amuser ou déplorer que cette manœuvre s'effectue au gré de réelles différences entre les deux films, mais il serait abrupt d’éclipser dans le même temps les victoires de « La Reine des neiges ».
L’animation et la photographie sont clairement optimales pour un rendu souvent magnifique, et le travail sur les décors, d’inspirations variées, contribue lui aussi à faire de chaque plan une découverte. L’acting dans sa version originale est honnête ; on préférera toute fois s’attarder sur la soundtrack du film, absolument somptueuse, et fondre pour les diverses chansons. Dans la lignée des mélodies gentiment entêtantes et des séquences musicales inventives au possible comme Disney en garde jalousement le secret, « La Reine des neiges » peut se vanter de quelques perles.

Sous ses aspects de conte de fée brumeux et revu, « La Reine des neiges » prend le temps de dévoiler une écriture fine à travers ses personnages et ses situations. L’intrigue n’est jamais laissée au hasard d’un rythme glaçant mais se sert habilement des ressorts artistiques à sa disposition, et se paye même le luxe de twists rafraîchissants. Les personnages sont humanisés grâce à leurs qualités & leurs défauts, et la culture music-hall, l’humour et le design servent honnêtement la progression du récit.
Un traitement moins didactique et plus audacieux dans la narration (une pensée pour la fin, en partie sacrifiée par un surlignage excessif) aurait certainement donné au film une dimension plus universelle.

En deux mots : « La Reine des neiges » n’a probablement pas l'aura d’un grand classique Disney mais s’apprécie comme une friandise de Noël moelleuse, et se digère instantanément comme un film apte à rassurer les plus sceptiques sur l’avenir de la firme légendaire.
Anecdote : Jennifer Lee décrit qu'avec John Lasseter en boss de Disney Animation Studio, la recherche sur le terrain est mise en avant ! Les animateurs sont donc partis en excursion dans les états nappés de blanc des USA pour filmer et observer leur propre démarche dans la neige. Le but était de mieux comprendre les réactions du matériau aux mouvements humains, et vice et versa. Glissades et chutes au rendez-vous … toujours pour la bonne cause.
 
Article rédigé par Douglas Antonio
 
La Bande Annonce de La Reine des neiges:
 
 
NOTE: 7,5/10
 
 

3 commentaires:

  1. Tantôt déçue ou emballée par les dernières productions de Disney, j'irais bien voir ce film.
    Je suis restée sur la très bonne impression que m'avais lancé Raiponce, j'avais l'impression d'enfin voir un vrai classique, avec une bonne histoire et des héros qui sortaient du schéma traditionnel.

    La Reine des Neiges paraît prometteur.


    Si vous voulez en savoir plus sur des acteurs et des productions audiovisuelles Espagnoles, faites un tour rapide sur le site de l'organisation dans laquelle je travaille:
    Blog: http://www.carlospuech.com.es/
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    A bientôt tout le monde

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    1. Il est pas mal mais j'ai été déçu par certains points, notamment le scénar et les twists, en pilotage automatique.

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  2. Une belle réussite, un joli conte de fée, sans doute un peu trop girly pour les ptits gars mais ça reste un monde merveilleux... 8/10

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