mercredi 18 septembre 2013

Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines)

« Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines) » est passé dans les mailles du filet Cannois en mai dernier alors qu'il y concourrait en compétition officielle. Le film d'Arnaud Desplechin, adapté du roman éponyme de Georges Devereux, publié en 1951, retranscrit l'analyse de Jimmy Picard par son auteur, psychanalyste et anthropologue.
Synopsis Allociné : Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Jimmy Picard, un Indien Blackfoot ayant combattu en France, est admis à l'hôpital militaire de Topeka, au Kansas, un établissement spécialisé dans les maladies du cerveau. Jimmy Picard souffre de nombreux troubles : vertiges, cécité temporaire, perte d'audition … En l'absence de causes physiologiques, le diagnostic qui s'impose est la schizophrénie. La direction de l'hôpital décide toutefois de prendre l'avis d'un ethnologue et psychanalyste français, spécialiste des cultures amérindiennes, Georges Devereux. Jimmy P (Psychothérapie d'un Indien des Plaines) est le récit de la rencontre et de l'amitié entre ces deux hommes qui n'auraient jamais dû se rencontrer, et qui n'ont apparemment rien en commun. L'exploration des souvenirs et des rêves de Jimmy est une expérience qu'ils mènent ensemble, avec une complicité grandissante, à la manière d'un couple d'enquêteurs.
Une rencontre providentielle mais sublime entre deux êtres perdus et chaotiques, riche idée. D'autant plus que cette coïncidence baigne dans le cadre d'une cure psychanalytique.
Sauf que dans « Jimmy P. », les excellentes performances de Benicio Del Toro & Mathieu Amalric (comédien fétiche du réalisateur – 5 collaborations à ce jour), la puissance du sujet et l'éclairage des troubles d'un indien amérindien dans sa condition ethnique grâce à l'intervention d'un médecin étranger masquent plusieurs faiblesses de la part d’Arnaud Desplechin : traitement « basique » de ladite psychanalyse, sans piment (absence de résistance du patient à son analyste, aucune ambiguïté morale des personnages), mise en scène économe, tendance minimaliste (budget réduit, changement de chef op' depuis sa dernière réalisation), composition musicale amère (pourtant signée par l'expérimenté Howard Shore), longueurs ici et là …
Bilan : Reparti bredouille du dernier Festival de Cannes, « Jimmy P. » est un film thématique extrêmement fort dans son propos de fond (une psychanalyse d'un indien par un anthropologue), mais où l'on s'ennuie profondément une fois passée la rencontre magistrale entre les deux énergumènes.
Anecdote : Mathieu Amalric, qui interprète Georges Devereux dans « Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines) », confie avoir lui-même commencé une analyse pour se préparer au film, et mieux savoir de quoi il retournait. Il poursuit à ce jour cette analyse.
Anecdote 2 : Benicio Del Toro fut envisagé par Arnaud Desplechin dès les premières étapes d'écriture après que ce dernier l'ait repéré dans « The Pledge » de Sean Penn, où l'acteur portoricain incarnait déjà, avec brio, le rôle d'un indien.
Anecdote 3 : Arnaud Desplechin revendique l'inspiration de deux films pour la réalisation de « Jimmy P. » : d'une part, « The Exiles » (1961) de Kent MacKenzie qu'il fait visionner à de nombreuses reprises à ses acteurs, et d'autre part, « Que la lumière soit » (1980), documentaire longtemps censuré de John Huston sur les états de stress post-traumatique des soldats américains de la Seconde Guerre Mondiale revenus du front. Arnaud Desplechin déclare également être influencé par les films de John Ford et François Truffaut pour bâtir son cinéma.
 
La Bande Annonce de Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines):

 
NOTE: 5/10

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