mercredi 19 juin 2013

Man of Steel

Il était une fois Superman. Plus de 70 adaptations en un peu plus d'un demi-siècle. Autrement dit un nombre incalculable d'allers retours entre les Comics et les écrans, de la petite lucarne aux salles obscures du septième art.
Exit le calamiteux reboot « Superman Returns » signé Bryan Singer (naufrage critique et semi-échec public), la Warner a sorti l'artillerie lourde pour l'homme d'acier, super-héros le plus charismatique de l'univers « DC Comics » et probablement l'une des figures les plus populaires aux USA, avec l'ombre de Christopher Nolan & David S. Goyer – les deux hommes à l'œuvre sur le reboot d'un autre personnage phare de DC « Batman » – qui plane.
Aujourd'hui sort donc au cinéma « Man of Steel », nouvelle refonte du mythe Superman, et c'est au réalisateur visionnaire Zack Snyder, habitué au genre depuis sa sublime adaptation des « Watchmen », qu'incombe la (lourde) tâche de relancer durablement et confortablement la carrière du Kryptonien sur grand écran.
On notera parallèlement le nom de l'heureux élu engagé par la major pour incarner le surhomme : Henry Cavill (« Les Tudors » à la télé, « Les Immortels » au cinéma). L'acteur anglais, vainqueur du gros lot sur ce coup-là, fut sélectionné parmi un casting géant dans lequel se bousculait le tout Hollywood : Jon Hamm, Patrick Wilson, Joe Manganiello, James Purefoy, Matt Bomer, Joseph Gordon-Levitt et même Tom Welling de la série « Smallville » furent un temps envisagés.
Après un teaser parfait, sur fond de musique épique, dévoilé officieusement au San Diego Comic-Con 2012, puis officiellement avant les séances de « TDKR », l'attente n'a fait qu'évoluer crescendo pour atteindre son apogée en ce mardi 18 juin, veille de la sortie dans l'hexagone.
Synopsis Allociné : Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité.
Icône intergénérationnelle pour certains, figure « christique » selon son réalisateur. « Man of Steel », c'est avant tout un garçon qui apprend à ses dépens qu'il est doté de pouvoirs extraordinaires, puis confronté plus tard, à l'âge adulte, à sa destinée héroïque et au symbole d'espoir qu'il représente pour l'humanité toute entière.
Pour dépoussiérer l'histoire du « S », le tandem David S. Goyer et Christopher Nolan s'est principalement reposé dans l'écriture sur les œuvres de Bates, Waid, Byrne et Siegel en optant pour un parti pris courageux, tout à fait honorable : celui d'abandonner la naïveté des premiers films de Richard Donner (Loïs Lane sait immédiatement qui se cache derrière Superman) afin de contourner le côté kitsch de la franchise et offrir un spectacle démesuré, complètement dingue, mais au fond très sombre et donc très « humain ».
Choix volontaire également d'avoir éparpillé ici et là quelques repères pour rassurer l'audience : Amy Adams (applaudie pour ses prestations dans les remarqués « Fighter » et « The Master », et nommée aux Oscars à  4 reprises à seulement 38 ans) incarne donc la journaliste Lois Lane, Laurence Fishburne prête ses traits à Perry White, le patron du prestigieux Daily Planet, la ville fictive de Métropolis apparaît en arrière plan, l’emprisonnement de Zod et ses acolytes dans la zone fantôme et l'on entraperçoit le minois de Lana Lang dans un flashback.
L'ambition du trio infernal Snyder / Nolan / Goyer – un véritable triumvirat, avec une nette implication de ce dernier dans le processus créatif des films DC Comics –  se traduit dès la séquence d'ouverture, vraiment « spectaculaire, lyrique, mélodramatique », se déroulant sur une planète Krypton au bord de l'implosion et achevée par l'exil du petit Kal-El en direction de la Terre.
Zack Snyder met ensuite en images les jeunes années de Clark Kent, apprivoisé à devenir son double aux super-pouvoirs par sa famille adoptive (Jonathan & Martha Kent, incarnés respectivement par Kevin Costner & Diane Lane, tous deux très touchants). C'est peut être cette demi-heure, un poil longuette, maniérée (la surenchère de zooms / dézooms) et au ton dark Nolanien (le héros confronté à ses principes manichéens), qui est la faiblesse de « Man of Steel », avec cette recherche de reproduire à la virgule près la formule gagnante appliquée sur la saga « TDK ».
 
Le troisième acte, bluffant, truffé de scènes d'action à faire pâlir les « Avengers », se focalise sur le combat spatio-terrestre Zod / Superman, délaissant, il est vrai, un peu les émotions, pour se digèrer comme une finale de Roland Garros fantasmatique entre Roger Federer et Djokovic, au firmament de leur art. Ce dernier morceau est filmé avec une virtuosité, une bravoure et une audace sans précédent par Zack Snyder, même si on a tout de même l'impression que la folie visuelle du metteur en scène de « 300 » et « Sucker Punch » se retrouve hélas parfois inhibée par le studio et sa nécessité absolue de séduire un très large public pour rentrer dans ses frais.
Mais lorsque le côté geek de Snyder, imprégné d'une pop-culture inimaginable, prend l'ascendant, c'est un spectacle absolument fabuleux et phénoménal qui s'offre à nous, digne d'une hallucinante traduction cinématographique rêvée de quelques mangas de renoms.
On pense bien évidemment à une version live d'« Akira » (l'affrontement final de « Chronicle » puissance 10), mais aussi, et ce de manière complètement inattendue, au Club Dorothée et sa vache à lait « Dragon Ball Z », avec un incroyable parallélisme possible entre le manga d'Akira Toriyama et la mythologie Superman, selon plusieurs aspects. Explications : Krypton, alors en plein cataclysme, comparable à la planète des Saïyens, un héros, Kal-El / Carot (ou bien Clark / Sangoku selon préférences) : bébé vulnérable échappé du marasme pour rejoindre la Terre et y être adopté par ses habitants, un bad guy, avide de génocides (Zod / Freezer), porté par un désir de détruire pour mieux reconstruire, le visage androgyne de Faora (garde du corps du général Zod incarnée par Antje Traue), étrangement similaire à celui de Zabon, bras droit de Freezer. Même les accessoires utilisés par Snyder & son crew semblent être tout droit tirés de l'univers aux sept boules de cristal : des armures à épaulettes aux célèbres détecteurs de puissance fixés sur l'orbite. La comparaison a lieu d’être enfin au niveau du déroulement du combat final, qui rappelle constamment l’affrontement titanesque entre Sangoku et Freezer sur Namek (corps – projectiles qui passent à travers les immeubles). Chapeau Mr Snyder, vous nous avez rassasiés !
L'autre puissance de feu de « Man of Steel » est son impeccable casting. Henry Cavill EST Superman, sa composition toute en justesse rendant divinement grâce à toute la complexité du personnage de DC. L'acteur des « Tudors » réussit l'exploit de faire donc à la fois oublier le regretté Christopher Reeve et le malchanceux Brandon Routh, dernier prestataire en date.
À côté du « Man of Steel », Russell Crowe et Kevin Costner éblouissent l'écran et prouvent qu'ils sont toujours autant indispensables à Hollywood.
Michael Shannon enfile le costume du général Zod et trouve un rôle taillé sur mesure, à hauteur de sa folie  incontrôlable. Le comédien de « Take Shelter » succède ainsi avec brio à Kevin Spacey (hystérique Lex Luthor dans « Superman Returns » et vilain malus du film).
Enfin, le rôle de la journaliste Lois Lane a été confié à la belle rouquine Amy Adams, un peu plus discrète dans l'aventure, mais fidèle au personnage du ComicLaurence Fishburne, dans un rôle plus secondaire, se charge d’apporter la touche d’humanité à l’entreprise.

Nous passerons discrètement en revue les quelques défauts de « Man of Steel » : une construction légèrement maladroite du récit sous forme de flashbacks, 2-3 soucis de montage facilement corrigeables grâce à l’arrivée d’une version director’s cut, la BO pesante, voire étouffante, de Hans Zimmer, armée à grands renforts de redondants « BRÔÔÔM », chapardés sur ses propres sons de corne de brume issus du score d'« Inception », ainsi que les complexes de Snyder face à la pression de Warner pour fidéliser une clientèle sur le long terme.
Bilan : Zack Snyder, Christopher Nolan & David S. Goyer renvoient tout le monde au placard : le X-Men Cyclope, les teenagers de « Chronicle », les pyrotechniciens Michael Bay / Roland Emmerich, le chevalier noir, « Iron Man » et ses copains les « Avengers » ... dans un blockbuster spectaculaire qui tient amplement ses promesses, grâce notamment à ses impressionnantes séquences de destructions massives et un casting solide.
En bonus : le camion citerne LexCorp que Superman se prend pleine poire, clin d'œil assumé sur la suite des festivités ?
 
Le Teaser de Man of Steel:
 
 
La Bande Annonce de Man of Steel:
 
 
NOTE: 7,5/10
 
 
 

6 commentaires:

  1. Salut, j'ai aussi aimé le film, juste une précision, c'est toriyama qui pompe superman, mais effectivement y'a un parallèle évident et ce film concrétise mes rêves de gamins de voir de la baston dbz adaptée à l'écran et ça c'est fat !

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    1. Merci pour ton comm'. Je me suis peut être mal exprimé dans ma critique alors, car je sais que le Comic Superman est antérieur à l'oeuvre de Toriyama.

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  2. Excellente critique, même si je ne suis pas d'accord avec tout ce que tu dis dans ton tout dernier paragraphe. De mon côté j'ai vraiment adoré ce choix de narration qui se fait par flashbacks, bien que j'ai d'abord été très surpris, et durant le film je me demandais d'ailleurs si c'était un bon choix, mais au final ça ne rend pas le film linéaire et ennuyeux, on reste attentifs et passionnés, et cette toute dernière séquence de la vie antérieur de Clark, celle où il joue dans le jardin avec une cape, aurait grandement perdu en émotion si elle avait été montrée au début du film. Ca m'en a filé des frissons ^^ Après, je suis d'accord sur le fait que le style de Snyder est beaucoup moins présent que sur ses autres films (j'attends de le revoir avant de confirmer, mais je crois qu'il n'y a aucun ralenti), et j'espère une director's cut (c'était la même chose pour Sucker Punch). Et là je suis pas d'accord encore, c'est sur la BO de Hans Zimmer! Elle est sublime, et participe grandement au côté épique de la dernière partie. Je l'ai en tout cas trouvée moins oppressante que dans TDKR. Après, c'est aussi, comme tu le sais, mon côté fan boy hardcore de Snyder qui parle ^^

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    1. Je comprends t'inquiète. J'ai hâte de la version DC

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  3. Idem : J'ai bien aimé la narration en flash-back, les scènes reprenant la jeunesse de Clark étaient les plus intéressantes à mon sens, et pas longuettes du tout (au contraire je me suis presque ennuyée sur les lonnngues scènes d'actions de la fin, enfin bon bref, je suis une nana). Et enfin, la musique ne gâche rien, selon moi : je l'ai prise un peu au second degré style "On sait que vous n'êtes pas dupes mais allez, on vous met la bonne grosse musique de super-héro pour en rajouter un peu et pour vous faire sourire".

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    1. Elle est tout de même pesante je trouve. Enfin pas vraiment la zik en soi, juste les sons de corne de brume, le "Inception Sound" qui m'agace maintenant.

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