dimanche 24 mars 2013

Les Amants passagers

Un nouveau Pedro Almodovar au cinéma est souvent synonyme d'impatience chez les spectateurs français, friands de son univers. Le réalisateur espagnol prolifique toujours attendu au tournant sort aujourd'hui sur les écrans « Les Amants passagers », comédie de mœurs en forme de huis clos aérien, deux ans à peine après sa dernière prouesse malsaine « La piel que habito ».
Synopsis Allociné : Des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d'un avion à destination de Mexico. Une panne technique (une sorte de négligence justifiée, même si cela semble contradictoire ; mais, après tout, les actes humains le sont) met en danger la vie des personnes qui voyagent sur le vol 2549 de la compagnie Peninsula. Les pilotes s'efforcent de trouver une solution avec le personnel de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les stewards sont des personnages atypiques et baroques, qui, face au danger, tentent d'oublier leur propre désarroi et se donnent corps et âme pour que le voyage soit le plus agréable possible aux passagers, en attendant que la solution au problème soit trouvée. La vie dans les nuages est aussi compliquée que sur terre, pour les mêmes raisons, qui se résument à deux mots : « sexe » et « mort ».
 
Les passagers de la Classe Affaire sont : un couple de jeunes mariés, issus d'une cité, lessivés par la fête du mariage ; un financier escroc, dénué de scrupules, affligé après avoir été abandonné par sa fille ; un don juan invétéré qui a mauvaise conscience et qui essaie de dire au revoir à l'une de ses maîtresses ; une voyante provinciale ; une reine de la presse du cœur et un Mexicain qui détient un grand secret. Chacun d'eux a un projet de travail ou de fuite à Mexico. Ils ont tous un secret, pas seulement le Mexicain.
 
La vulnérabilité face au danger provoque une catharsis générale, aussi bien chez les passagers qu'au sein de l'équipage. Cette catharsis devient le meilleur moyen d'échapper à l'idée de la mort. Sur fond de comédie débridée et morale, tous ces personnages passent le temps en faisant des aveux sensationnels qui les aident à oublier l'angoisse du moment.
Filmé mollement comme une télénovela péruvienne dégueulasse, « Les Amants passagers » est un raté, un « Cluedo » mineur dans la riche filmographie du maestro, qui compte quand même quelques chef d'oeuvres paraît-il (« Etreintes brisées », « Talons Aiguilles », « Attache-moi ! », « La Mauvaise éducation » pour ne citer qu'eux).
 
 
Ça démarrait pourtant de manière assez plaisante avec le caméo surprise de la paire fétiche du cinéaste, Antonio Banderas & Penélope Cruz, dans une séquence improbable, puis l'introduction de personnages, ma foi, plutôt attachants et originaux, le personnel de bord du zinc essentiellement. L'aventure aérienne d'Almodovar devient ensuite une affaire détestable, vulgaire et maniérée, truffée de clichés maladroits inhérents à l'homosexualité et hautement péremptoire.
 
 
Pedro Almodovar, pas très fun sur ce coup-là, dépeint de manière hautaine et ridicule le destin grotesque de plusieurs passagers – ceux de la Classe Affaire seulement, tiens donc – dont on a strictement rien à carrer, autour d'un pseudo fil rouge lui-même articulé sur une « panne technique » de l'avion. Les personnages bénéficient d'un traitement superficiel à souhait, les dialogues sont exécrables et mal écrits. La farce est tellement infecte qu'on en vient presque à se trouver dans le mal aise de compassion, voire de pitié pour les comédiens.
Fonctionnant sur une durée très courte (1h30 pile), le film réussit pourtant l'exploit d'être incroyablement mal rythmé, plombé en milieu de parcours par une séquence hors avion maladroite, qui n'a rien à foutre là.
Reste à saluer deux bonnes trouvailles, le travail du directeur artistique, qui utilise des couleurs pastel éclatantes pour complémenter le ton gay-friendly du film et la séquence chantée assez burlesque, même si elle vient forcément comme un cheveu sur la soupe dans une mixture suffisamment empoisonnée comme ça.
 
En deux mots : « Les Amants passagers » est un film prétentieux et bobo, un pétard mouillé qui ose peu, mais qui en fascinera certains comme les lumières inoffensives d'un feu d'artifice avant l'obscurité.
 
La Bande Annonce des Amants passagers:
 
 
NOTE: 2,5/10
 
EN BONUS, la vidéo-critique réalisée en sortie de projo avec mon ami blogueur @Wildgunslinger
 

4 commentaires:

  1. Belle critique monsieur, je suis seulement un peu déçu de ne pas voir un mot sur Ruth ;-)

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  2. ce film est une merde ennuyeuse on ne retrouve pas le talent d'almodovar
    quelle deception

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